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Carnets de voyage

Journal de voyage aux frontières de l'Europe

25 octobre 2007

Maxim Bragoli

Candidat à la maîtrise en gestion internationale, l'auteur s'est rendu en France pour une session d'études. Une fois les cours terminés, il a décidé de découvrir le nouveau visage de l'Europe :il a filé en train jusqu'à Istanbul.

Après avoir exploré la majeure partie de l'Europe de l'Ouest, je m'aventure maintenant vers des terres inconnues : l'Europe de l'Est en 50 jours,15 pays et 2 continents. À l'époque, j'étais en train de faire des études en France et je cherchais un moyen qui me permettrait de me faire une idée plus complète de l'Europe du 21e siècle. Aujourd'hui, chaque frontière de l'Europe a sa propre histoire, complexe et captivante, qui fait que les pays s'imbriquent les uns dans les autres tel un véritable casse-tête.

L'Europe a longtemps été le terrain de jeu des backpackers. La venue des compagnies aériennes à bas prix a complètement changé la façon de voyager à travers le vieux continent. Plus rapides et moins chers, les vols à rabais ont littéralement révolutionné l'industrie du transport en Europe, et fait perdre l'intérêt pour le train. De là m'est venue l'idée de me rendre aux limites de l'Europe en traversant le continent à l'ancienne, c'est-à-dire sans quitter le plancher des vaches. On m'avait déjà parlé de l'Orient-Express. Ce trajet mythique a vu le jour en 1883 sur les quais de la gare de l'Est à Paris et a pendant près de 100 ans assuré la liaison Paris-Istanbul. Cependant, depuis 1977, l'Orient-Express tel qu'il est décrit par Agatha Christie n'est plus. Il a été vaincu par la concurrence de l'avion. Comme quoi l'histoire ne fait que se répéter.

Le départ

Mon dernier examen rédigé, je saute dans le train. Départ de Paris, gare de l'Est. Toujours accompagné de mon sac, de mon guide Let's go et de ma carte, je pars à l'aventure. Mon premier trajet sera Paris-Munich. Cent euros et dix heures plus tard, je débarque au pays de la bière. Reconnue pour son Oktoberfest, Munich impose un arrêt. Située en plein centre de cette nouvelle Europe des 27, München (pour les intimes) est, à mon avis, parfaitement localisée. C'est sans doute la raison pour laquelle autant de multinationales ont décidé d'y établir leur siège social. Mon bref séjour à Munich vient en quelque sorte confirmer mon intérêt pour la culture germanique. Eh oui, quel plaisir de pouvoir parler à nouveau allemand!

Bon, assez dit, je rembarque sur le train, direction Autriche. Le paysage montagnard autrichien est à couper le souffle. Superbes montagnes à cime blanche, petits villages perchés à flanc de montagne, rivières qui laissent couler une eau translucide et limpide. Ainsi, je décide alors de m'arrêter à Salzbourg. Candidate pour accueillir les Olympiques de 2014, cette ville est un véritable paradis pour les amoureux de plein air. Je ne sais pas trop comment le décrire – disons que c'est le mont Tremblant à la puissance dix.

Maintenant, pour faire une histoire courte, je suis sorti un peu de mon planning initial et je me suis permis de déborder les frontières européennes actuelles. Ainsi, je compte visiter la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, la Serbie et la Bulgarie. Depuis la guerre, ces pays attendent que les touristes reviennent chez eux. Honnêtement, je crois que la côte croate, Sarajevo et la côte bulgare sur la mer Noire sont des endroits qui méritent le détour. C'est d'autant plus avantageux quand on prend en considération le taux de change, qui nous est très favorable.

Ljubljana

Qui a déjà entendu parler de cette ville? Encore une question, qui connaît la Slovénie? À mon avis, ce minuscule pays de 2,2 millions d'habitants et de la taille de la Sicile est sans aucun doute la perle cachée et l'un des secrets les mieux gardés de l'Europe. En gros, j'ai été agréablement surpris par la simplicité de la Slovénie, ancienne région yougoslave et pays le plus dynamique de l'Europe de l'Est. Indépendante depuis 1991, elle a joint l'Union européenne en 2004 et a adopté l'euro depuis janvier. Véritable porte d'entrée de l'Europe de l'Est, la Slovénie est remplie de contrastes : le vert de ses forêts, le bleu de son ciel, le turquoise de ses lacs, le blanc de ses montagnes, le rouge et noir de son passé communiste.

La Croatie

Les paysages croates sont magnifiques, l'hospitalité de ses gens est irréprochable et le savoir-faire culinaire des Croates n'a rien à envier aux Italiens ou aux Grecs. Nouvelle étoile montante de l'industrie touristique mondiale, la Croatie est devenue un incontournable. À l'heure actuelle, les îles croates sont le petit coin de paradis des touristes allemands et du jet-set international. Bill Clinton, Brad Pitt, Tom Cruise, Andre Agassi et Bill Gates ont mis la main sur leur propre lopin de terre sur la côte dalmatienne.

Sarajevo

Personnellement, je trouve que cette ville a un potentiel touristique énorme. J'ai vraiment apprécié cette petite ville multiculturelle située en plein coeur des montagnes. Sarajevo doit cette diversité à la tolérance religieuse des Ottomans autrefois possesseurs de la région. Hôtesse des Jeux olympiques de 1984, Sarajevo était sans doute prédestinée à un avenir fort prometteur. Située entre la Serbie et la Croatie, la Bosnie est le pays de l'ex-Yougoslavie le plus touché par la guerre, et Sarajevo est sans aucun doute la ville qui a été le plus affectée. Toujours présents, les témoins de cette guerre sont nombreux, et ce, même 15 ans après la fin des combats. Immeubles éventrés sur toute la largeur, murs criblés de balles, fenêtres barricadées, routes creusées par les éclats d'obus, cimetières saturés de tombes sans nom. Les marques laissées par cette période sont loin d'être réjouissantes.

Belgrade

Après Sarajevo, j'ai pris un bus en direction de la Serbie. Eh oui, un bus! Disons que la guerre a fortement affecté les infrastructures de la Bosnie. Quoi que ces deux pays fassent partie des Balkans, les différences entre la Bosnie et la Serbie sont nombreuses et flagrantes. Celle qui m'a le plus grandement frappé est sans aucun doute l'alphabet. Dans la majorité des pays occidentaux, l'alphabet latin est très répandu. Cependant, en Serbie comme en Russie, on emploie l'alphabet cyrillique. Laissez-moi vous dire que c'est une expérience assez déstabilisante d'être confronté à un nouvel alphabet. Sérieusement, je ne peux pas vous expliquer à quel point c'est compliqué de s'orienter quand : 1) toutes les indications sont écrites en cyrillique; 2) le seul plan de la ville disponible est écrit en alphabet cyrillique; et 3) presque personne ne parle anglais (et encore moins français). Pour vous donner une idée, en cyrillique le B veut dire V, H égale N, C se lit S. Vous pouvez imaginer le temps que je dois passer devant les panneaux indicateurs pour déchiffrer l'heure de départ de mon train!

Istanbul

Après avoir franchi 9 frontières, 2700 km, et 54 h de transport plus tard, je suis enfin rendu à Istanbul. Anciennement appelée Constantinople, cette ville a toujours été stratégique pour les différents empires méditerranéens. Istanbul a souvent été au centre de conflit internationaux. Aujourd'hui, c'est une ville hypermoderne de huit millions de personnes qui doit absolument être visitée. Elle fait le lien entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie, et que ce soit pour l'architecture, l'histoire, la bouffe, le nightlife, les commerces maritime ou les affaires, Istanbul est vraiment un incontournable. Istanbul est sûrement unique au monde. C'est en quittant les zones touristiques qu'on peut réellement apprécier cette superbe ville. Les quartiers comme Sultanahmet ou Golden Horn sont saturés par les touristes. Il suffit de s'éloigner un peu de là afin de profiter pleinement de l'hospitalité des gens d'Istanbul et aussi de notre dollar canadien! On ne peut pas décrire Istanbul en quelques mots, il faut juste aller faire son tour… À suivre.